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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/308

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j’éprouvais, tout enfant, chaque fois que je venais d’arriver chez mes cousins du Midi, où se passaient mes vacances ; je ne tenais pas en place, le premier matin, dans ma hâte d’aller rejoindre mes petits camarades de l’autre été, d’aller revoir des coins de bois où l’on avait fait tant de jeux, des coins de vignes où l’on avait tant ri aux vendanges d’antan…

Je me retrouve tel aujourd’hui, ou peu s’en faut, ce qui prouve décidément que le Japon possède encore un charme d’unique et ensorcelante drôlerie. Vite une embarcation, ensuite un pousse-pousse rapide, et je suis enfin dans les gentilles rues, cueillant au passage des révérences de petites amies quelconques, mousmés, guéchas, marchandes de bibelots, qui rient sous le soleil, au milieu d’une fête générale de couleurs et de lumière.

La boutique de madame L’Ourse éclate de loin, comme un énorme et frais bouquet sur fond sombre ; tout son étalage est de roses roses et de chrysanthèmes jaunes. En face, les soubassements énormes de la nécropole et des temples, murs ou rochers primitifs, ont des