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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/312

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émue, parce qu’elle est jeune, parce que le soleil est clair, le temps limpide et berceur.

— Veux-tu venir voir notre temple ? propose-t-elle.

Et nous pénétrons dans le vieux sanctuaire obscur, empli de symboles agités, de formes contournées, de gestes menaçants qui s’ébauchent dans l’ombre. Un peu de paix seulement vers le fond, où des lotus d’or, dans de grands vases, s’étalent et se penchent avec une grâce de fleurs naturelles, devant une sorte de tabernacle voilé d’ancien brocart. Mais sur les côtés, des dieux de taille humaine, rangés contre les murs, gesticulent avec fureur. Et, au plafond, embusqués entre les solives, des êtres vagues, moitié reptile, moitié racine ou viscère, nous regardent avec de gros yeux louches.

— Veux-tu venir voir ma maison ? dit-elle ensuite.

Et j’entre, après m’être poliment déchaussé, dans un logis centenaire, mais propre et blanc, où la nudité des parois et l’élégance d’un vase de bronze, empli de fleurs, témoignent de la distinction des hôtes. L’autel des ancêtres, en