Aller au contenu

Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

laque rouge et or, très enfumé par l’encens, est encore fort beau, et très longues sont les généalogies inscrites sur les saintes tablettes.

Épouvantée tout à coup, comme de quelque sacrilège commis en me montrant cela, ma petite amie me regarde, au fond des yeux, avec une interrogation ardente. — Mais non, mes yeux à moi n’expriment rien d’ironique, du respect au contraire, et je ne souris pas. Alors, sa jeune conscience aussitôt se calme ; elle m’ouvre des coffrets en forme d’armoire, enfermant chacun une divinité dorée qu’elle vénère.

Bientôt l’heure d’aller ouvrir le portail en bas de la cour, à cause des petits frères qui vont rentrer de l’école. Et elle me reconduit, par le sentier vertical aux marches de terre, jusqu’à la jungle murée, là-haut, où se donnaient nos rendez-vous autrefois, et d’où je m’en irai par escalade comme j’étais venu.

Ainsi nous nous retrouvons ensemble, dans ce même bois, qui nous réunira encore presque chaque soir pendant au moins trois semaines, — quand j’avais si bien cru que c’était fini, qu’entre nous était tombé le rideau de plomb