Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/319

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raire, où se reconnaît le goût de ce peuple pour la couleur noire et aussi pour la précision des contours. Un seul homme porte péniblement l’édifice, par une hampe centrale, comme serait le manche d’un parasol. Et des draperies de brocart d’or, qui retombent en rideaux à demi fermés, laissent entrevoir là-dessous cinq ou six dames nobles d’autrefois, ayant bien douze ans chacune : des figures qui paraissent encore plus enfantines, encadrées par de si solennelles perruques, — et peintes, et attifées avec quel art stupéfiant et lointain !… Mais je ne connais personne dans ce petit monde. Passons.

Un quart d’heure après, rencontre d’un nouveau dais, cerclé de velours noir comme le précédent, mais au-dessus duquel des branches d’érable à feuilles rouges, en place des lotus, simulent une broussaille de forêt. On me sourit là dedans ; deux ou trois des invraisemblables petites bonnes femmes, aperçues entre les rideaux de brocart, me disent bonjour : danseuses, que j’ai vaguement connues dans quelque maison-de-thé. Mais ce n’est pas ce que je cherche. Passons encore !