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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/320

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Troisième dais qui apparaît dans le lointain, avec aussi son bourrelet noir. Il est surmonté, celui-là, d’un cerisier en fleurs, chaque rameau tout neigeux de frais pétales blancs ; un cerisier si bien imité qu’il apporte presque une impression de printemps frileux au milieu de ce tiède automne. C’est du reste le dais le plus riche, et aussi le plus suivi : derrière, cheminent une centaine d’enfants, mouskos[1] ou mousmés, qui viennent sans doute de s’échapper de l’école, car ils ont encore sur le dos leur carton et leurs livres… Oh ! mais qu’est-ce qu’il y a là-dessous, quels étranges petits êtres ?… Des petits guerriers d’autrefois, armés de pied en cap, portant beau et farouche, mais liliputiens, et paraissant plus comiques encore auprès du solide garçon qui tient à l’épaule la hampe du dais somptueux.

Et un de ces petits personnages, qui ressemble au chat botté, passe entre les rideaux sa tête casquée, pour me faire signe, et encore signe, avec une singulière insistance. — Est-ce pos-

  1. Mousko, petit garçon.