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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/337

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recoins qui me plaisaient, j’ai envie cet après-midi de les revoir encore.

En allant prendre congé de madame L’Ourse, je passe devant une pagode où il y a fête et pèlerinage ; depuis quinze ans je n’avais plus revu de ces fêtes-là et je les croyais tombées en désuétude, C’est un de ces lieux d’adoration, au flanc de la montagne, où l’on grimpe par des escaliers en granit de proportions colossales. Suivant l’usage, le vieux sanctuaire en bois de cèdre, qu’on aperçoit là-haut, est enveloppé pour la circonstance d’un velum blanc, sur lequel tranchent de larges blasons noirs, d’un dessin ultra bizarre, mais simple, précis et impeccable. Et la porte ouverte laisse voir, même d’en bas, les dorures des dieux ou des déesses assis au fond du tabernacle.

Des mendiants estropiés, des idiots rongés de lèpre ont pris place au soleil d’automne des deux côtés de l’escalier pour recevoir les offrandes des pèlerins. Et un pauvre petit chat, galeux et crotté, est aussi venu d’instinct s’aligner avec ces échantillons de misères.