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Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/338

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Mais comme il y a peu de fidèles ! Décidément la foi se meurt, dans cet empire du Soleil-Levant. Quelques bons vieux, quelques bonnes vieilles, qui se préparent à fixer bientôt dans cette montagne leur résidence éternelle, grimpent avec effort, à pas menus, courbés, leur parapluie sous le bras ; ils ont l’air bien naïf, bien respectable ; ils traînent des bébés par la main ; et les socques en bois de ces braves gens, enfants ou vieillards, font clac, clac, sur le granit des marches.

Au premier palier, à mi-hauteur, stationne un groupe de petites mousmés ravissantes, d’une dizaine d’années, qui sortent de l’école avec leur carton sous le bras. Que regardent-elles ainsi, avec tant d’attention et de stupeur, ces petites beautés de demain ? — Oh ! une horrible chose ; un vieux mendiant aux yeux obscènes et goguenards, qui est là couché, étalant avec complaisance devant lui un innommable tas de chair hypertrophiée, de la grosseur d’un quartier de porc… Et c’est on ne peut plus japonais, cet assemblage ; ces gracieuses petites écolières à côté de cette monstruosité