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supportant que des maisons-de-thé ou des maisons de plaisir. Là, au premier étage d’une construction à la mode ancienne, toute de bois de cèdre et de papier, le nid de la petite danseuse s’avance en balcon, au-dessus des passants rares et discrets. On se déchausse, il va sans dire, dès le bas de l’escalier, garni de nattes blanches, et tout est minutieusement propre dans la maisonnette sonore, dont les bois, desséchés depuis cent ans, vibrent comme la caisse d’une guitare.

Mademoiselle Pluie-d’Avril habite avec M. Swong, un énorme chat, matou bien fourré, d’imposante allure, qui porte une collerette tuyautée, et madame Pigeon, une vieille, vieille femme à cheveux blancs qu’elle appelle grand’mère, — quelque « madame Prune » du temps passé, sans doute, mais qui a pourtant de braves yeux, un air de bonne aïeule, douce et presque respectable.

Après mille révérences, pendant qu’on se hâte de me préparer des bonbons et du thé, je passe, du coin de l’œil, l’inspection de ce logis. C’est drôle d’être là, et mademoiselle Pluie--