Aller au contenu

Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion et de terreur une tête de mort que je tenais sur mes genoux.

Nous étions assis tout en haut d’un tumulus de corail, au pied des grands bois de fer. C’était le soir, dans le district perdu de Papenoo ; le soleil plongeait lentement dans le grand Océan vert, au milieu d’un étonnant silence de la nature.

Ce soir-là, je regardais Rarahu avec plus de tendresse ; c’était la veille d’un départ ; le Rendeer allait s’éloigner pour un temps, et visiter au nord l’archipel des Marquises.

Rarahu, sérieuse et recueillie, était plongée dans une de ses rêveries d’enfant que je ne savais jamais qu’imparfaitement pénétrer. Un moment elle avait été tout illuminée de lumière dorée, et puis, le radieux soleil s’étant abîmé dans la mer, elle se profilait maintenant en silhouette svelte et gracieuse sur le ciel du couchant……


Rarahu n’avait jamais regardé d’aussi près cet objet lugubre qui était posé là sur mes genoux et qui, pour elle comme pour tous les Polynésiens, était un horrible épouvantail.

On voyait que cette chose sinistre éveillait