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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/127

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rieuse et légère que j’avais connue. Elle causait gravement, on la sentait plus femme et plus posée.


Nous fûmes bientôt dans les bois. Le ruisseau de Fataoua, grossi comme un torrent, grondait sur les pierres ; le vent secouait les branches mouillées sur nos têtes, et nous couvrait de larges gouttes d’eau.

Une lumière apparut de loin, brillant sous bois, dans la case qui renfermait le cadavre de Tahaapaïru.

Cette case qui avait abrité l’enfance de ma petite amie, était ovale, basse comme toutes les cases tahitiennes, et bâtie sur une estrade de gros galets noirs. Les murailles en étaient faites de branches minces de bourao, placées verticalement et laissant des vides entre elles, comme les barreaux d’une cage. À travers, on distinguait des formes humaines immobiles, dont la lampe agitée par le vent déplaçait les ombres fantastiques,

Au moment où je franchissais le seuil funèbre, Tiahoui me repoussa brusquement à droite ; — je n’avais pas vu les deux grands pieds du mort