Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui débordaient à gauche sur la porte ; — j’avais failli les heurter, — un frisson me parcourut le corps, et je détournai la tête pour ne les point voir.

Cinq ou six femmes étaient là, assises en rang le long du mur — et, au milieu d’elles, Rarahu fixant sur la porte un regard anxieux et sombre…

Rarahu m’avait reconnu au seul bruit de mon pas ; elle courut à moi et m’entraîna dehors…

VI

Nous nous étions embrassés longuement, en nous serrant dans nos bras enlacés, et puis nous nous étions assis tous deux sur la mousse humide, près de la case où dormait ce cadavre. Elle ne songeait plus à avoir peur, et nous causions tout bas, comme dans le voisinage des morts.

Rarahu était seule au monde, bien seule. Elle avait décidé de quitter le lendemain le toit de pandanus où ses vieux parents venaient de mourir…