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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/131

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vait guère fait pour elle que la laisser croître ; elle ne lui était attachée que par un sentiment de respect et de devoir ; son corps effrayant qui était là ne lui inspirait plus qu’une immense horreur……

… La vieille parente de Tahaapaïru s’était endormie, — La pluie tombait, torrentielle, sur les arbres, sur le chaume du toit, avec des bruits singuliers, des fracas de branches, des craquements lugubres. — Les Toupapahous étaient là dans le bois, se pressant autour de nous, pour regarder par toutes les fentes de la muraille ce nouveau personnage, qui depuis le matin était des leurs. On s’attendait à toute minute à voir entre les barreaux passer leurs mains blêmes……

— « Reste, ô mon Loti, disait Rarahu.. Si tu partais, demain je serais morte de frayeur…… »

… Et je restai toute la nuit auprès d’elle, tenant sa main dans les miennes ; je restai auprès d’elle jusqu’au moment où les premières lueurs du jour se mirent à filtrer à travers les barreaux de sa demeure. — Elle avait fini par s’endormir, sa petite tête délicieuse, amaigrie et triste, appuyée sur mon épaule. — Je l’étendis tout doucement sur des nattes, et m’en allai sans bruit……

Je savais que le matin les Toupapahous s’é-