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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/139

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rait inintelligible pour des Européens auxquels on chercherait à les traduire. — Mais je trouvais à ces chants bizarres un singulier charme de tristesse, — surtout quand ils s’élevaient doucement dans le grand silence des midis d’Océanie……

Quand venait le soir, Rarahu s’occupait généralement de préparer ses couronnes de fleurs pour la nuit. — Mais rarement elle les composait elle-même ; il y avait certains Chinois en renom qui savaient en fabriquer de très extraordinaires ; avec des corolles et des feuilles de vraies fleurs combinées ensemble, ils arrivaient à produire des fleurs nouvelles et fantastiques, — vraies fleurs de potiches, empreintes d’une grâce artificielle et chinoise……

Les fleurs de gardenia blanc, à l’odeur ambrée, étaient toujours employées à profusion dans ces grandes Couronnes singulières, qui étaient le principal luxe de Rarahu.

Un autre objet de parure, plus habillé que la simple couronne de fleurs, était la couronne de piia, faite d’une paille fine et blanche comme la paille de riz, et tressée par les mains des Tahitiennes avec une délicatesse et un art infinis. Sur la couronne de piia, se posait le reva-reva (de reva-