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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/143

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une scène des premiers âges du monde……


Dès l’aube, le lendemain, nous nous remîmes en route……

Le pays autour de nous devenait plus grandiose et plus sauvage. — Nous suivions sur le flanc de la montagne un sentier unique, d’où la vue dominait toute l’immensité de la mer, — çà et là des îlots bas, couverts d’une végétation invraisemblable : des pandanus à la physionomie antédiluvienne, des bois qu’on eût dit échappés de la période éteinte du lias. — Un ciel lourd et plombé comme celui des âges détruits ; un soleil à demi voilé, promenant sur le Grand-Océan morne de pâles traînées d’argent……

De loin en loin nous rencontrions les villages cachés sous les palmiers, les huttes ovales aux toits de chaume, et les graves Tahitiens, accroupis, occupés à suivre dans un demi-sommeil leurs rêveries éternelles ; des vieillards tatoués, au regard de sphinx, à l’immobilité de statue ; je ne sais quoi d’étrange et de sauvage qui jetait l’imagination dans des régions inconnues……

Destinée mystérieuse que celle de ces peuplades polynésiennes, qui semblent les restes oubliés