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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/146

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Leur case était propre et soignée, classique d’ailleurs, dans ses moindres détails. — Nous y trouvâmes un grand lit qui nous était préparé, recouvert de nattes blanches, et entouré de rideaux indigènes faits de l’écorce distendue et assouplie du mûrier à papier.

On nous fit grande fête à Papéuriri, et nous y passâmes quelques journées délicieuses. — Le soir par exemple c’était triste, et dans l’obscurité je sentais, quoi qu’on fît pour nous égayer, la solitude et la sauvagerie de ce recoin de la terre. La nuit, quand on entendait au loin le son plaintif des flûtes de roseau, ou le bruit lugubre des trompes de coquillage, j’avais conscience de l’effroyable distance de la patrie, et un sentiment inconnu me serrait le cœur.


Il y eut chez Tiahoui des repas magnifiques en notre honneur, — auxquels tout le village était convié : des menus très particuliers, des petits cochons rôtis tout entiers sous l’herbe, — des fruits exquis au dessert, — et puis des danses, et de charmants chœurs d’himéné.

J’avais fait le voyage en costume tahitien, pieds et jambes nus, vêtu simplement de la che-