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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/147

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mise blanche et du pareo national. Rien n’empêchait qu’à certains moments je ne me prisse pour un indigène, et je me surprenais à souhaiter parfois en être réellement un ; j’enviais le tranquille bonheur de nos amis, Tiahoui et Téharo ; dans ce milieu qui était le sien, Rarahu se retrouvait plus elle-même, plus naturelle et plus charmante ; — la petite fille gaie et rieuse du ruisseau d’Apiré reparaissait avec toute sa naïveté délicieuse. — Et pour la première fois je songeais qu’il pourrait y avoir un charme étrange à aller vivre avec elle comme avec une petite épouse, dans quelque district bien perdu, dans quelqu’une des îles les plus lointaines et les plus ignorées des domaines de Pomaré ; — à être oublié de tous et mort pour le monde ; — à la conserver là telle que je l’aimais, singulière et sauvage, avec tout ce qu’il y avait en elle de fraîcheur et d’ignorance.

XIII

Ce fut une des belles époques de Papeete que