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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/158

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de la mer ; les villages sont tous disséminés le long des plages, et le centre est désert.

Les zones intérieures sont inhabitées et couvertes de forêts profondes. Ce sont des régions sauvages, coupées par des remparts d’inaccessibles montagnes et où règne un éternel silence. Dans les vallées étrangement encaissées du centre, la nature est sombre et imposante ; de grands mornes surplombent les forêts, et des pics aigus se dressent dans l’air ; on est là comme au pied de cathédrales fantastiques, dont les flèches accrochent les nuages au passage ; tous les petits nuages errants que le vent alisé promène sur la grande mer sont arrêtés au vol ; ils viennent s’amonceler contre les parois de basalte, pour redescendre en rosée, ou retomber en ruisseaux et en cascades. Les pluies, les brumes épaisses et tièdes entretiennent dans les gorges une verdure d’une inaltérable fraîcheur, des mousses inconnues et d’étonnantes fougères.


En sens inverse des cascades du bois de Boulogne et de Hyde-Park, la cascade de Fataoua tombe là-bas, en-dessous du vieux monde, troublant de son grand bruit monotone cette