Aller au contenu

Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nature si profondément calme et silencieuse.

À environ mille mètres plus haut que la case abandonnée de Huamahine et de Tahaapaïru, en remontant le cours du ruisseau, dans les bois et les rochers, on arrive à cette cascade célèbre en Océanie, que Tiahoui et Rarahu m’avaient autrefois souvent fait visiter.


Nous n’y étions pas revenus depuis notre installation à Papeete, et nous y fîmes, en septembre, une excursion qui marqua dans nos souvenirs.

En passant, Rarahu voulut revoir d’abord la case de ses vieux parents morts ; elle entra en me tenant par la main sous le chaume déjà effondré de son ancienne demeure et regarda en silence les objets familiers que le temps et les hommes avaient encore laissés à leur place. Rien n’avait été dérangé, dans cette case ouverte, depuis le jour où était parti le corps de Tahaapaïru. Les coffres de bois étaient encore là, avec les banquettes grossières, les nattes et la lampe indigène pendue au mur ; Rarahu n’avait emporté avec elle que la grosse bible des deux vieillards.