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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/165

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plète solitude, moi, enfant du vieux monde, né sur l’autre face de la terre, je suis là auprès de toi, et que je t’aime.

» Vois-tu, Rarahu, à une époque bien reculée, avant que les premiers hommes ne fussent nés, la main terrible d’Atua fit jaillir de la mer ces montagnes ; l’île de Tahiti, aussi brûlante que du fer rougi au feu, s’éleva comme une tempête, au milieu des flammes et de la fumée.

» Les premières pluies qui vinrent rafraîchir la terre après ces épouvantes, tracèrent ce chemin que le ruisseau de Fataoua suit encore aujourd’hui dans les bois. — Tous ces grands aspects que tu vois sont éternels ; ils seront les mêmes encore dans des centaines de siècles, quand la race des Maoris aura depuis longtemps disparu, et ne sera plus qu’un souvenir lointain conservé dans les livres du passé.

— » Une chose me fait peur, dit-elle, à Loti, mon aimé (e Loti, ta u here) ; comment les premiers Maoris sont-ils venus ici, puisque aujourd’hui même ils n’ont pas de navires assez forts pour communiquer avec les îles situées en dehors de leurs archipels ; comment ont-ils pu venir de ce pays si éloigné où d’après la Bible fut