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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/164

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reuse se dessinait sur la nappe bleue du Pacifique : l’anneau des récifs, la ligne des éternels brisants de corail.

Tout au loin apparaissaient l’îlot de Toubouaimanou et l’île de Moorea ; sur leurs pics bleuâtres, planaient de petits nuages colorés de teintes invraisemblables, qui étaient comme suspendus dans l’immensité sans bornes.

De si haut, nous observions, comme n’appartenant plus à la terre, tous ces aspects grandioses de la nature océanienne. — C’était si admirablement beau que nous restions tous deux en extase et sans rien nous dire, assis l’un près de l’autre sur les pierres.

— « Loti, demanda Rarahu après un long silence, quelles sont tes pensées ? (E Loti, e aha ta oé manao iti ?) »

— « Beaucoup de choses, répondis-je, que toi tu ne peux pas comprendre. Je pense, ô ma petite amie, que sur ces mers lointaines sont disséminés des archipels perdus ; que ces archipels sont habités par une race mystérieuse bientôt destinée à disparaître ; que tu es une enfant de cette race primitive ; — que tout en haut d’une de ces îles, loin des créatures humaines, dans une com-