terrogions ; nous passions et repassions au milieu de tous ces groupes qui nous regardaient comme des gens ayant perdu l’esprit. — Je me heurtais contre l’impossibilité de rencontrer un mythe, — et chaque minute qui s’écoulait augmentait ma tristesse impatiente.
Après une heure de cette course, dans un endroit obscur, sous de grands manguiers noirs, — la petite Téhamana s’arrêta tout à coup devant une femme qui était assise à terre, la tête dans ses mains et semblait dormir.
— « Téra ! » cria-t-elle. (C’est celle-ci !)
Alors je m’approchai d’elle et me penchai curieusement pour la voir :
— « Es-tu Taïmaha ?…, » demandai-je, — en tremblant qu’elle me répondit : non !
— « Oui ! » répondit-elle, immobile.
— « Tu es Taïmaha, la femme de Rouéri ? »
— « Oui, » dit-elle encore, en levant la tête avec nonchalance — c’est moi, Taïmaha, la femme de Rouéri, le marin « dont les yeux sommeillent » (mata moé), c’est-à-dire : « qui n’est plus… »
— « Et moi, je suis Loti, le frère de Rouéri ! — Suis-moi dans un lieu plus écarté où nous puissions causer ensemble. »