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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/207

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les cases tahitiennes, entourés de bandes joyeuses de jeunes femmes. Un souffle plein de séduction et de trouble sensuel passait sur ce pays, comme après les soirs de grandes fêtes.

Mais j’étais sous l’empire d’émotions profondes, et j’avais pour l’instant oublié jusqu’à Rarahu……

Elle était rentrée seule, elle, et m’attendait en pleurant dans notre chère petite case, où je devais, dans la nuit, revenir pour la dernière fois.


Nous marchions côte à côte, Taïmaha et moi ; nous suivions d’un pas rapide la plage océanienne. La pluie tombait, la pluie tiède des tropiques ; Taïmaha insouciante et silencieuse laissait tremper la longue tapa de mousseline blanche qui traînait derrière elle sur le sable.

On n’entendait dans ce calme de minuit que le bruit monotone de la mer, qui brisait au large sur le corail.

Sur nos têtes, de grands palmiers penchaient leurs tiges flexibles ; à l’horizon les pics de l’île de Moorea se dessinaient légèrement au-dessus de la nappe bleue du Pacifique, à la lueur indécise et embrumée de la lune.