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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/206

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À ce moment, une idée que je n’avais jamais eue me traversa l’esprit :

— « N’as-tu pas d’enfants de Rouéri ?… » lui demandai-je.

— « Si, — répondit-elle, après une minute d’hésitation, mais d’une voix assurée pourtant ; — si, deux !… »

Il y eut un long silence, après cette révélation inattendue. — Une foule de sentiments s’éveillaient en moi, sentiments d’un genre inconnu, impressions tristes et intraduisibles.

Il est de ces situations dont on ne peut rendre par des mois l’étrangeté saisissante. — Le charme du lieu, les influences mystérieuses de la nature, avivent ou transforment les émotions ressenties, et on ne sait plus, même imparfaitement, les exprimer.

XL

Une heure après, Taïmaha et moi nous quittions Papeete, qui déjà s’était endormi ; cette dernière soirée du Rendeer était terminée, et quantité de marins du bord étaient entrés dans