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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/209

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leuse, elle s’était prêtée à cette fantaisie de ma part, fantaisie qu’avec ses idées tahitiennes elle s’expliquait à peine.

Dans ce pays où la misère est inconnue et le travail inutile, où chacun a sa place au soleil et à l’ombre, sa place dans l’eau et sa nourriture dans les bois, — les enfants croissent comme les plantes, libres et sans culture, là où le caprice de leurs parents les a placés. La famille n’a pas cette cohésion que lui donne en Europe, à défaut, d’autre cause, le besoin de lutter pour vivre.


Atario, l’enfant né depuis le départ de Rouéri, habitait le district de Faaa ; par suite de cet usage général d’adoption, il avait été confié là aux soins de fetii (de parents) éloignés de sa mère…

Et Tamaari, le fils aîné, celui qui, disait-elle, avait le front et les grands yeux de Rouéri (te rae, te mata rahi), habitait avec la vieille mère de Taïmaha, dans cette île de Moorea qui découpait là-bas à notre horizon sa silhouette lointaine.

À mi-chemin de Faaa, nous vîmes briller un