Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/243

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— « Me voici, Loti, dit-elle, — en allant au-devant de mes premières questions, mais mon fils Taamari n’est pas avec moi ; deux fois j’avais chargé le chef de son district de l’amener ici ; mais il a peur de la mer, et il a refusé de venir.

» Atario, lui, n’est plus à Tahiti ; la vieille Huahara l’a fait partir pour l’île de Raiatéa ; où une de ses sœurs désirait un fils. »

Je me heurtais encore contre l’impossible, — contre l’inertie et les inexplicables bizarreries du caractère maori.

Taïmaha souriait. — Je sentais qu’aucun reproche, aucune Supplication ne la toucherait plus. Je savais que ni prières, ni menaces, ni intervention de la reine, ne pourraient obtenir que dans des délais si courts on me fît venir de si loin cet enfant que je voulais connaître. Et je ne pouvais prendre mon parti de m’éloigner pour toujours sans l’avoir vu.

— Taïmaha, dis-je, après un moment de réflexion silencieuse, nous allons partir ensemble pour l’île de Moorea. Tu ne peux pas refuser au frère de Rouéri de l’accompagner dans son voyage chez ta vieille mère, pour lui montrer ton fils…