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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/258

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Le jour baissait, les cocotiers s’agitaient au-dessus de nos têtes, secouant sur nous leurs cent-pieds et leurs scorpions. — Il passait des rafales qui courbaient ces grands arbres comme un champ de roseaux ; les feuilles mortes voltigeaient follement sur la terre nue……

Je fis cette réflexion naturelle, qu’il faudrait sans doute rester plusieurs jours dans cette île avant qu’il fût possible à une pirogue de prendre la mer ; cela arrive fréquemment entre Tahiti et Moorea. — Le départ du Rendeer était fixé aux premiers jours de la semaine suivante ; mon absence ne le retarderait pas d’une heure, — et les derniers moments que j’aurais pu passer avec Rarahu, — les derniers de la vie, — s’envoleraient ainsi loin d’elle.


Quand nous revînmes, la nuit tombait tout à fait. — Je n’avais pas prévu cette nuit, ni l’impression sinistre que me causait son approche.

Je commençais à sentir aussi l’engourdissement et la soif ardente de la fièvre ; — les impressions si vives de cette journée l’avaient déterminée sans doute, en même temps qu’un grand excès de fatigue.