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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/27

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V

Rarahu était une petite créature qui ne ressemblait à aucune autre, bien qu’elle fût un type accompli de cette race maorie qui peuple les archipels polynésiens et passe pour une des plus belles du monde ; race distincte et mystérieuse, dont la provenance est inconnue.

Rarahu avait des yeux d’un noir roux, pleins d’une langueur exotique, d’une douceur câline, comme celle des jeunes chats quand on les caresse ; ses cils étaient si longs, si noirs qu’on les eût pris pour des plumes peintes. Son nez était court et fin, comme celui de certaines figures arabes ; sa bouche, un peu plus épaisse, un peu plus fendue que le type classique, avait des coins profonds, d’un contour délicieux. En riant, elle découvrait jusqu’au fond des dents un peu larges, blanches comme de l’émail blanc, dents que les années n’avaient pas eu le temps de beaucoup polir, et qui conservaient encore les stries légères de l’enfance. Ses cheveux, parfumés au sandal, étaient longs, droits, un peu rudes ; ils tombaient