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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/28

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en masses lourdes sur ses rondes épaules nues. Une même teinte fauve tirant sur le rouge-brique, celle des terres cuites claires de la vieille Étrurie, était répandue sur tout son corps, depuis le haut de son front jusqu’au bout de ses pieds.

Rarahu était de petite taille, admirablement prise, admirablement proportionnée ; sa poitrine était pure et polie, ses bras avaient une perfection antique.

Autour de ses chevilles, de légers tatouages bleus, simulant des bracelets ; sur la lèvre inférieure, trois petites raies bleues transversales, imperceptibles, comme les femmes des Marquises ; et, sur le front, un tatouage plus pâle, dessinant un diadème. Ce qui surtout en elle caractérisait sa race, c’était le rapprochement excessif de ses yeux, à fleur de tête comme tous les yeux maoris ; dans les moments où elle était rieuse et gaie, ce regard donnait à sa figure d’enfant une finesse maligne de jeune ouïstiti ; alors qu’elle était sérieuse ou triste, il y avait quelque chose en elle qui ne pouvait se mieux définir que par ces deux mots : une grâce polynésienne.