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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/281

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Je voulais avant de partir revoir une dernière fois Faa, les grands cocotiers et les grandes plages de corail ; je voulais jeter un coup d’œil dernier sur tous ces paysages tahitiens ; je voulais revoir Apiré, et me baigner encore avec ma petite amie dans le ruisseau de Fataoua ; je désirais dire adieu à une foule d’amis indigènes ; je voulais voir tout et tout le monde, je ne pouvais prendre mon parti de tout quitter… Et l’heure passait, et nous ne savions plus auquel courir……

Ceux-là seuls qui ont dû abandonner pour toujours des lieux et des êtres chéris peuvent comprendre cette agitation du départ, et cette tristesse inquiète, qui oppresse comme une souffrance physique……


Il était déjà tard quand nous arrivâmes à Apiré, au ruisseau de Fataoua.

Mais tout était encore là comme dans le bon vieux temps ; au bord de l’eau, la société était nombreuse et choisie ; il y avait toujours Tétouara la négresse, qui trônait au milieu de sa cour, et une foule de jeunes femmes qui plongeaient et nageaient comme des poissons, avec la plus insouciante gaieté du monde.