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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/282

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Nous passâmes tous deux, — nous donnant la main comme autrefois, et disant doucement bonjour de droite et de gauche à tous ces visages connus et amis. À notre approche les éclats de rire avaient cessé ; la petite figure douce et profondément sérieuse de Rarahu, sa robe blanche traînante comme celle d’une mariée, son regard triste avaient imposé le silence……

Les Tahitiens comprennent tous les sentiments du cœur et respectent la douleur. On savait que Rarahu était la « petite femme de Loti » ; on savait que le sentiment qui nous unissait n’était point une chose banale et ordinaire ; — on savait surtout qu’on nous voyait pour la dernière fois.


Nous tournâmes à droite, par un étroit sentier bien connu. — À quelques pas plus loin, sous l’ombrage triste des goyaviers, était ce bassin plus isolé où s’était passée l’enfance de Rarahu, et qu’autrefois nous considérions un peu comme notre propriété particulière.


Nous trouvâmes là deux jeunes filles inconnues, très belles, malgré la dureté farouche de leurs traits : elles étaient vêtues, l’une de rose, l’autre de