Aller au contenu

Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au milieu de cet appartement deux grands fauteuils dorés étaient placés côte à côte. — Pomaré, qui en occupait un, invita l’amiral à s’asseoir dans le second, tandis qu’un interprète échangeait entre ces deux anciens amis des compliments officiels.

Cette femme, dont le nom était mêlé jadis aux rêves exotiques de mon enfance, m’apparaissait vêtue d’un long fourreau de soie rose, sous les traits d’une vieille créature au teint cuivré, à la tête impérieuse et dure. — Dans sa massive laideur de vieille femme, on pouvait démêler encore quels avaient pu être les attraits et le prestige de sa jeunesse, dont les navigateurs d’autrefois nous ont transmis l’original souvenir.

Les femmes de sa suite avaient, dans cette pénombre d’un appartement fermé, dans ce calme silence du jour tropical, un charme indéfinissable. — Elles étaient belles presque toutes, de la beauté tahitienne : des yeux noirs, chargés de langueur, et le teint ambré des gitanos. — Leurs cheveux dénoués étaient mêlés de fleurs naturelles et leurs robes de gaze traînantes, libres à la taille, tombaient autour d’elles en longs plis flottants.