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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/29

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VI

La cour de Pomaré s’était parée pour une demi-réception, le jour où je mis pour la première fois le pied sur le sol tahitien. — L’amiral anglais du Rendeer venait faire sa visite d’arrivée à la souveraine (une vieille connaissance à lui) — et j’étais allé, en grande tenue de service, accompagner l’amiral.

L’épaisse verdure tamisait les rayons de l’ardent soleil de deux heures ; tout était tranquille et désert dans les avenues ombreuses dont l’ensemble forme Papeete, la ville de la reine. — Les cases à vérandas, disséminées dans les jardins, sous les grands arbres, sous les grandes plantes tropicales, — semblaient, comme leurs habitants, plongées dans le voluptueux assoupissement de la sieste. — Les abords de la demeure royale étaient aussi solitaires, aussi paisibles…

Un des fils de la reine, — sorte de colosse basané qui vint en habit noir à notre rencontre, nous introduisit dans un salon aux volets baissés, où une douzaine de femmes étaient assises, immobiles et silencieuses……