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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/308

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Le soleil se couche ici, terne et sanglant, sur les solitudes de sable. Il est trois heures du matin là-bas, il fait nuit noire, les toupapahous rôdent dans les bois…

Deux années ont passé déjà sur ces souvenirs, et j’aime ce pays comme aux premiers jours ; — l’impression persiste, comme celle de Brigthbury, celle de la patrie, — quand tant d’autres se sont effacées depuis.

Au pied des grands arbres, ma case enfouie dans la verdure, — et ma petite amie sauvage !… Mon Dieu, ne les reverrai-je jamais, — n’entendrai-je plus jamais le vivo plaintif, le soir, sous les cocotiers des plages ?........

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Southampton, mars 1876.
(Journal de Loti).

… Tahiti, Bora-Bora, l’Océanie, — que c’est loin tout cela, mon Dieu !

Y reviendrai-je jamais, — et qu’y trouverai-je à présent, — sinon les désenchantements amers, et les regrets poignants du passé !… Je pleure, en songeant au charme perdu de ces premières années, — à ce charme qu’aucune puissance ne peut