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et douce, la langue de là-bas que déjà j’oublie.

Ici, à Southampton, vie d’escadre, vie de restaurants et d’estaminets ; — logis de hasard, camarades de hasard ; — on se réunit on ne sait pourquoi, on s’étourdit comme on peut…

J’ai bien changé depuis deux années, et je ne me reconnais plus quand je regarde en arrière. — À corps perdu je me suis jeté dans une vie de plaisirs et de folies ; c’est là, il me semble, la seule façon logique de prendre une existence que je n’avais pas demandée, — et dont le but et la fin sont pour moi des problèmes insolubles…

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IX

Île de Malte, 2 mai 1876.


Nous étions une quarantaine d’officiers de la marine de S. M. Britannique réunis dans un café de la Valette, à l’île de Malte.

Notre escadre faisait une courte halte dans ce port, en se rendant dans le Levant où on venait de massacrer les consuls de France et d’Allemagne, et où de graves événements semblaient se préparer.