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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/78

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soleil plus bas jetait sur les branches des arbres des lueurs plus dorées, Rarahu s’en retournait avec moi à sa case isolée dans les bois. — Les deux vieillards ses parents, fixes et graves, étaient là toujours, accroupis devant leur hutte de pandanus, et nous regardant venir. — Une sorte de sourire mystique, une expression d’insouciante bienveillance éclairait un instant leurs figures éteintes :

— « Nous te saluons, Loti ! disaient-ils, d’une voix gutturale » ; — ou bien : « nous te saluons, Mata reva ! »

— Et puis c’était tout ; il fallait se retirer, laissant entre eux deux ma petite amie qui me suivait des yeux en souriant et qui semblait une personnification fraîche de la jeunesse à côté de ces deux sombres momies polynésiennes……

C’était l’heure du repas du soir. Le vieux Tahaapaïru étendait ses longs bras tatoués jusqu’à une pile de bois mort ; il y prenait deux morceaux de bourao desséché, et les frottait l’un contre l’autre pour en obtenir du feu, — vieux procédé de sauvage. Rarahu recevait la flamme des mains du vieillard ; elle allumait une gerbe de branches, et faisait cuire dans la terre deux