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Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/77

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que jour, au bord du ruisseau de Fataoua, dans ce coin de bois, ombreux et ignoré, qui fut le nid de Rarahu, et le nid de Tiahoui. — Le ruisseau courait doucement sur les pierres polies, entraînant des peuplades de poissons microscopiques et de mouches d’eau. — Le sol était tapissé de fines graminées, de petites plantes délicates, d’où sortait une senteur pareille à celle de nos foins d’Europe pendant le beau mois de juin, senteur exquise, rendue par ce seul mot tahitien : « poumiriraïra », qui signifie : une suave odeur d’herbes. L’air était tout chargé d’exhalaisons tropicales, où dominait le parfum des oranges, surchauffées dans les branches par le soleil du midi. — Rien ne troublait le silence accablant de ces midis d’Océanie. De petits lézards, bleus comme des turquoises, que rassurait notre immobilité, circulaient autour de nous, en compagnie des papillons noirs marqués de grands yeux violets. On n’entendait que de légers bruits d’eau, des chants discrets d’insectes, ou de temps en temps la chute d’une goyave trop mûre, qui s’écrasait sur la terre avec un parfum de framboise……


… Et quand la journée s’avançait, quand le