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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/109

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XIX

Jeudi 8 mars.

Oh ! l’Oued-el-Aïn, la vallée de la Fontaine ! Avec quels mots, avec quelles images de fraîcheur empruntées aux poètes de l’ancien Orient, peindre cet Éden, caché dans les granits du désert ?

C’est le matin, le lumineux matin, et j’explore au hasard l’oasis charmante où notre petite ville de toile blanche va demeurer bâtie pour un ou deux jours. Au plus creux de la vallée, coule une eau vive et claire, dans des bassins de granit rose qui ont le poli du marbre travaillé et qui sont sans une plante, sans une algue, dont le fond transparaît comme celui des artificielles piscines pour les ablutions de sultanes ou de houris. Elle court, l’eau rare, l’eau précieuse, tantôt dissimulée aux derniers replis roses des bassins, tantôt s’épanchant sur sa route en petits