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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/111

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daires, qui sans doute réfléchissent au moyen de descendre jusqu’à l’eau convoitée, et qui peut-être aussi goûtent, à leur manière, le matin suave.

Dans l’oasis, on peut circuler partout en babouches légères ou pieds nus ; les granits ont été usés si longuement par les siècles tranquilles, qu’à présent ils sont partout sans arêtes vives, luisants et doux. Ou bien c’est du sable fin, où l’on marche comme sur du velours, ajoutant des traces humaines aux traces des panthères et des gazelles. Du reste, dans cette contrée du monde où sont inconnues la pluie, la fumée, la poussière et la sueur, on ne salit jamais ses vêtements ; on peut n’importe où marcher ou s’étendre sur le sol sec et propre, sans tacher les longs voiles de laine blanche dont on s’habille — et sous lesquels passent le soleil ou les vivifiantes brises, pour durcir et bronzer les poitrines.



Il y a une paix spéciale, une incomparable paix dans cette oasis non profanée, que de tous côtés l’immense désert mort environne et protège. Et nous y passons sans hâte nos heures d’attente.

Un seul moment d’agitation dans la journée — à propos d’un serpent de grande taille qui s’est montré