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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/124

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tinue par une nef nouvelle et pareille. Un silence de mort, naturellement, et des sonorités où s’exagèrent les moindres frôlements de burnous, les moindres murmures de voix.



Au tournant de l’un de ces couloirs, nous croisons une tribu nomade qui se déplace. Dans le demi-jour d’en avant, nous voyons tout cela poindre par groupes successifs, comme sortant du flanc des rochers. Nos chameaux, au passage, se flairent et grognent.

Les hommes, qui ont paru les premiers, très armés, sauvages, en haillons, échangent d’abord avec nous le salut fraternel : on se touche soi-même par trois fois, à la poitrine, aux lèvres, au sommet de la tête, et puis, deux à deux, on s’appuie le front l’un contre l’autre en se serrant la main, avec un simulacre de baiser dans le vide. Le salut achevé, les nouveaux venus ont un beau sourire, très doux tout à coup, enfantin, découvrant des dents blanches — et ils passent, rassurés et amis.

Les chamelles débouchent ensuite ; elles sont accompagnées de leurs petits, à figure naïve de mouton, qui font des écarts et des sauts en nous