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XXII

Dimanche, 11 mars.

Nous nous levons de bon matin pour faire aujourd’hui longue étape et rattraper le temps perdu. Au petit jour déjà, nos Bédouins s’agitent autour de nous sous les hauts palmiers. Devant les feux qui ont brûlé toute la nuit, nos gardes magnifiques sont debout dans leurs voiles blancs et leurs manteaux noirs. Les enfants du village se tiennent là, eux aussi, avec quelques femmes voilées qui regardent : dans les mémoires, sans doute, l’événement de notre passage demeurera gravé.

Quand, devant nous, viennent s’agenouiller nos dromadaires, nos gardes s’approchent pour nous serrer la main et nous réclamer, comme des enfants, d’exorbitantes récompenses. Mais ils sourient eux-mêmes de leurs demandes inadmissibles, qui se