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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/135

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mêlent à leurs souhaits de bon voyage, tandis que nos grandes bêtes se relèvent et nous emportent.



En route, le long de la mer, — et, sitôt disparue la petite oasis charmante, le grand désert nous ressaisit.

Tout ce qui, hier au soir, flambait rouge s’est éteint et s’est changé. La côte de la Grande Arabie s’est reculée, reculée au fond d’inappréciables lointains ; d’avoir tant flambé la veille, elle se repose à présent dans une exquise fraîcheur matinale, à demi cachée sous d’humides vapeurs. Elle n’est plus teintée que de gris perle ou de gris de lin, — tout ce qu’il y a d’atténué, d’indécis et de diaphane ; sa crête seule, sa dentelure d’en haut se dessine un peu nettement et des flocons de nuages y demeurent accrochés comme des ouates légères, de tout petits flocons, d’un blanc doré très éclatant, qui semblent concentrer en eux toute la lumière de ce discret matin aux nuances voilées.

Par contraste avec ces choses nébuleuses et grises, la rive où nous cheminons, entre les grands mornes et la mer, commence à éblouir nos yeux, et ses plages étincellent.

L’air est enivrant à respirer ; il semble que la