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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/139

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L’autre zone, c’est la plage où nos dromadaires cheminent, toute de sable rose, de corail, de coquilles nacrées ; et ce sont les mornes de cette rive, du même granit que ceux de la rive inverse et de la même nuance de nuage ou de fleur.

Oh ! l’étrange et unique mer, cette mer d’Akabah, jamais sillonnée de voiles, éternellement silencieuse, éternellement chaude, couvant son monde de coraux et de coquilles dans ses eaux trop bleues, entre le rose inaltérable de ses bords déserts et presque terrifiants, où l’homme n’apparaît que fugitif, inquiet, rare, en veille continuelle sur sa vie…



Pour la halte méridienne, nous posons notre tente et nous jetons nos tapis sur des milliers de coquilles amoncelées, — de quoi remplir des vitrines de collectionneurs.

Puis, après un lourd sommeil, nous reprenons notre route dans de la lumière toujours plus dorée, toujours plus rose. Le matin, nous avons marché cinq heures et nous marchons quatre heures encore, le soir, à travers les mêmes magnificences. À mesure que nous avançons, la mer d’Akabah se resserre davantage et l’Arabie d’en face se fait plus voisine.