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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/141

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le soleil disparu comme si du feu couvait à l’intérieur, comme si tout allait être en fusion prochaine, comme si la grande fournaise des origines cosmiques s’était rallumée pour des cataclysmes et des fins de monde…

Cependant, il y a partout un calme, un silence, un apaisement confiant des hommes et des choses indiquant que ces splendides épouvantes ne sont que jeux de lumières et mirages, ne sont qu’apparences, ne sont rien…



Comme on le sent sauvage, ce lieu, dès que la nuit mystérieuse arrive ! Combien notre petit camp nomade est isolé, ici, du monde contemporain !

Derrière nous, les mornes de granit sont devenus des écrans tout noirs, bizarrement et durement tailladés, qui se dressent contre le ciel d’étoiles, — et un mince croissant de lune orientale, les deux pointes en l’air, est posé au-dessus comme le sceau farouche de l’Islam…

L’Arabie pourtant s’est éteinte ; au-delà des eaux, qui commencent à bruire sous le vent de la nuit, elle n’est plus qu’une bande grisâtre, subitement reculée très loin. Nos chameaux, craintifs de l’ob-