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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/149

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battue mêlée de cailloux, de crânes et de vertèbres, forment des enclos, dessinent des allées que nous suivons au hasard. Et c’est là Akabah, la grande ville de ces régions !… Cependant voici quelques êtres humains, des Bédouins campés dans les enclos, sous des tentes grisâtres, et nous regardant passer avec des curiosités nonchalantes. Par des éclaircies, à travers l’enchevêtrement noir des palmes, on aperçoit, au-dessus de tout, la magnificence du ciel et, comme dans une lueur d’apothéose éloignée, le chaos des granits roses qui flamboient…



Finalement nous arrivons à une sorte de place centrale, où il y a pourtant une citadelle, des maisons et des hommes. Et nos tentes, qui nous ont précédés, sont là qui se montent, sous les regards curieux ou défiants. Sur la citadelle flotte, en notre honneur sans doute, le pavillon rouge avec le croissant. Les maisons, toutes basses, construites en boue séchée, ont des aspects sauvages de tanières. Le petit rassemblement qui nous examine est composé de quelques soldats réguliers de Turquie et d’Arabes superbes, le manteau noir jeté sur les vêtements blancs, le voile retenu au front par des