Aller au contenu

Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cordelières noires ou des cordelières d’or. Quand nous mettons pied à terre, les soldats turcs viennent à nous, l’air accueillant et bon ; alors je leur parle la langue de Stamboul, je leur serre la main, heureux de les trouver là et d’entrer en pays ami.

Puis on m’amène un homme du cheik de Pétra, qui avait été posté depuis la veille pour nous attendre et qui doit repartir cette nuit même, afin d’avertir de notre arrivée ce grand détrousseur :

— Prie le cheik Mohammed-Jahl, lui dis-je, de venir dès demain et d’amener vingt hommes et vingt chameaux que je lui louerai pour traverser son pays…

— Des chameaux, des chameaux ! répète drôlement, en français, notre interprète qui n’a toujours pas confiance, je sais pas quels chameaux qu’il portera, moi !… Peut-être qu’il n’aura seulement pas de robe dans son figure !… Lisez : « Peut-être qu’ils n’auront seulement pas le harnais de tête, la petite muselière par laquelle on les conduit… »

Et il ajoute, cet homme sceptique et de mauvais présage, que le caïmacam, c’est-à-dire le gouverneur turc d’Akabah, compte sur ma visite dès demain matin pour m’entretenir de choses graves, probablement pour m’interdire la route de Pétra.