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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/156

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nous comme un chat avec des souris. Il a sous sa main trois cents réguliers turcs pour se faire obéir, et, d’ailleurs, nous ne pouvons pas nous mettre en rébellion ouverte contre une autorité ottomane.

— Aller à Pétra ? dit-il, — non, on n’y va plus. Depuis un an, l’Égypte a cédé ce territoire à la Turquie et il faudrait, pour passer par là, une autorisation du pacha de la Mecque, de qui relève à présent ce désert. Or, cette autorisation, nous ne l’avons pas. D’ailleurs, ce serait trop dangereux pour nous, car les tribus sont révoltées dans le Nord ; on se bat du côté de Kérak, et le gouvernement vient de diriger sur ce point trois mille réguliers de Damas.

Je lui propose alors d’envoyer, par chameau, un messager rapide, au Caire, demander à S. E. Mouktarpacha la faveur d’une autorisation spéciale pour nous, et nous attendrions la réponse ici même, pendant douze ou quinze jours.

Il refuse encore cet expédient extrême : les étrangers, dit-il, ne peuvent à aucun titre séjourner plus de vingt-quatre heures à Akabah.

Nous allons donc repartir demain pour Suez, d’où nous sommes venus, et y retourner par le même chemin ; c’est là sa conclusion obstinée…

Évidemment, il craint pour nos têtes et ne veut pas engager sa responsabilité. Peut-être aussi a-t-il de