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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/157

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nouveaux ordres secrets pour tenir cette route fermée à certains étrangers subversifs, et il fait exécuter la consigne même pour nous, ignorant à quel point nous sommes des amis de la Turquie.

Nous avions prévu tous les ennuis, toutes les difficultés pour ce passage par Pétra à un moment de trouble, — tout, excepté une interdiction officielle du gouvernement du sultan ; d’autant moins que personne au Caire, pas même les aimables pachas qui avaient bien voulu s’inquiéter de notre voyage, ne nous avait dit que Pétra dépendait maintenant de la Turquie.

Je rentre navré sous ma tente. — Et Mohammed-Jahl, qui nous arrive cette nuit, que nous aurons dérangé pour rien, et qui va sans doute nous rançonner en conséquence !…

Le kamsin souffle plus brûlant ; nos tentes sont pleines de sable et de mouches. Et les gens d’Akabah, ayant eu vent de nos démêlés avec le caïmacam, commencent à nous regarder comme des suspects.

Nous n’avons vraiment plus qu’une ressource, c’est Mohammed-Jahl lui-même. Une idée nous vient de nous mettre entièrement entre ses griffes : faire semblant de retourner à Suez et lui dire de venir avec ses Bédouins nous prendre à deux ou trois