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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/158

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jours de marche d’ici, pour nous ramener dans son désert. Mais y consentira-t-il, et à quel prix ? Et alors, ayant violé le territoire turc malgré défense, nous n’aurions plus aucun appui à attendre de personne ; que ferions-nous si, par exemple, nous tombions sur les trois mille réguliers de Kérak, qui vraisemblablement nous renverraient prisonniers à ce même caïmacam d’Akabah ?…

Cependant, tout, plutôt que de retourner piteusement à Suez ! — Et ce cheik de Pétra, dont nous nous méfiions d’abord, voici que nous l’attendons aujourd’hui presque comme un sauveur…

À l’heure du Moghreb, nous assure-t-on, il fera son entrée parmi nous…



Dans l’après-midi, le caïmacam vient me rendre ma visite sous ma tente. Malgré la chaleur, il est vêtu d’un long caftan de drap vert, fourré de martre. Toujours très courtois, il s’excuse encore d’être obligé de faire exécuter une consigne si nouvelle, mais il reste inflexible, nous accordant seulement un sursis de départ d’un jour de plus.