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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/163

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XXV

Mercredi, 14 mars.

Vers trois heures du matin, un signal de trompettes part de la citadelle turque, — une sonnerie grêle, tremblante, traînante, étrangère, qui s’envole au milieu des fraîches tranquillités nocturnes… Oh ! les trompettes de Stamboul, comme je me les rappelle, en entendant cela !… Je sais ce que c’est, du reste : nous sommes en ramadan, et on prévient les fidèles que l’heure est revenue du jeûne et des prières.

Peu après, un petit tambour, ou un tam-tam de bois sec, commence à battre dans le lointain, puis s’approche de notre camp, dont il fait le tour… Oh ! comme il sonne sauvage, sauvage et triste, dans ce silence des nuits d’ici, aux vibrations prolongées par tout l’environnant désert… Lentement, il frappe ses coups, trois par trois, — plan, plan, plan ! — plan,