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Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/170

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de papiers ? Vraiment, nous ne pouvons nous y résoudre ; au risque de tout, nous essayerons bien de corrompre en chemin les gens de Pétra, pour tourner bride vers la Palestine ; mais ce sera jouer un mauvais jeu, nous exposer à toutes sortes de complications ridicules pour avoir violé la défense d’un représentant officiel de la Turquie. Et nous sommes très perplexes, enfermés dans nos tentes, que le kamsin brûlant remplit de sable et de mouches. La journée se traîne, pénible et lourde, tandis que l’oasis, et surtout nos alentours immédiats, se peuplent d’une façon étrange : rôdeurs armés, qui frôlent de plus en plus près nos murailles de toile, Bédouins au profil aigu ou nègres au visage plat, tous les errants, les affamés, les pillards des proches déserts, attirés par nos vivres et par notre or, s’assemblant autour de nous comme sur les mets s’abattent les mouches. Et de grandes sauterelles jaunes viennent aussi, amenées par le vent du Sud…



Pourtant, dans l’après-midi, grâce au vieux Jahl, des pourparlers nouveaux s’ébauchent entre notre camp et la maison à toit de palmes où réside l’arbitre